Réunion thématique - Femmes et énergie nucléaire, quelles relations ?

Date de debut de l'événement

Heure de l'événement20h - 22h

Raison socialVisioconférence

Image
Content

En bref

80 personnes en moyenne ont assisté au webinaire "Femmes et énergie nucléaire : Quelles relations ?" le 20 mars dernier en visioconférence. 

1. Contexte et objet des échanges

L’objet de la table ronde était d’explorer trois axes, indépendants, mais qui dialoguent: : 

  • la relation des femmes avec les enjeux de l’énergie nucléaire
  • le témoignage des femmes travaillant dans les métiers du nucléaire
  • la parole et la représentation des femmes dans le débat public, notamment dans celui relatif aux projets d’EPR2 du Bugey.

En transversal, ce travail a permis de faire émerger des avis et propositions concernant le projet EPR2 dans la Bugey.
Pour l’équipe du débat, cette table ronde a permis d’incarner concrètement la valeur d’inclusion portée par la démarche, de mieux faire entendre la parole des femmes dans le débat, et de s’interroger sur les enjeux de genre. Elle a permis de questionner les différences observées et de nourrir une réflexion sur la recherche d’égalité dans la démocratie participative, en particulier en matière d’environnement.
La mise à l’agenda de cette modalité a été souhaité par l’équipe du débat suite aux constats issus de statistiques récentes, de travaux de recherche – notamment anglo-saxons –, de controverses actuelles, des données issues de débats publics, ainsi que des analyses de l’Institut de la concertation et de la participation citoyenne (ICPC). Tous convergent vers un même constat : la place des femmes dans le débat public reste inégale et mérite d’être interrogée.
Ainsi, les différentes sources tendent à montrer que les femmes sont :

  1. surreprésentées dans la lutte anti-nucléaire historiquement et de nos jours ont des avis différenciés par rapport aux hommes. A titre d’exemple, 75% des hommes sont favorables à la construction de nouveaux réacteurs, 56% des femmes pensent ainsi, soit un écart de 19 points.
  2. sous-représentées dans les métiers du nucléaire 
    Les données de sources très diverses (de la SFEN à l’IAEA en passant par France Travail) sont très claires : les femmes représentent moins d’un quart des employés du secteur.
  3. que leur parole est moins présente dans les processus participatifs dont le débat public, notamment lorsqu’il porte sur des projets énergétiques et industriels. 

Ainsi, lors du débat public Nouveau programme nucléaire et projet EPR2 à Penly, à peine un tiers des participant.e.s étaient des femmes, ce qui tombe à moins d’un tiers quand on considère les intervenantes. A la date de publication de ce compte rendu, dans le débat public du Bugey les femmes représentent 25 % seulement du public des réunions publiques en présentiel.

La visioconférence a également fait l’objet d’un travail préalable lors du forum des publics qui s’est tenu le 20 février à Vaulx en Velin avec une animation qui s’intitulait « porteuses de parole » et a permis de préparer les échanges. En effet, lors du Forum des acteurs les membres de l’équipe du débat ont mis en place un premier dispositif de recueil de parole et des perceptions. Les questions faisaient référence à trois thématiques : le rapport aux femmes à l’énergie nucléaire, leur expérience en tant que professionnelles du secteur et leur place dans le débat public.


Pour échanger sur ces sujets lors du webinaire, 4 intervenantes ont été invitées à partager leur point de vue, vécu et expérience en fonction de leur rôle et de leur rapport à l’énergie nucléaire : 

  • Pauline Boyer - Chargée de campagne transition énergétique - Greenpeace France 
  • Elvire Charre - Directrice du Centre Nucléaire de Production d'Électricité du Bugey
  • Christine Déseraud - Membre de Sortir du Nucléaire Bugey
  • Emmanuelle Galichet - Présidente de Women in Nuclear, enseignante-chercheuse au CNAM

Puis environ 70 participant.e.s se sont retrouvé.e.s en groupe de travail.

2. Les apports dans le débat public sur le projet des EPR2

Les avis et les représentations sur l’énergie nucléaire.

  • Des retours contrastés, par exemple : “Une filière d'expertise et d'avenir” v/s “Une énergie néfaste, patriarcale et coloniale”. Le nucléaire est perçu par certaines comme un enjeu de souveraineté énergétique, tout en demeurant un secteur méconnu appelant à plus d’information et de sensibilisation.
  • Le rôle historique des femmes dans l’histoire de la lutte contre les centrales nucléaires, avec l’exemple de Plogoff (Film « des pierres contre des fusils).
  • Un point qui ressort des échanges comme une question, c’est à dire sans avoir une analyse historique ou s’appuyer sur une analyse sociologique mais plus des ressentis, est que les femmes seraient plus investies dans la lutte antinucléaire plus préoccupées pour leurs enfants ou pour les futures générations. Une relation de corrélation pourrait être creusée sur leur rapport au nucléaire et leur aversion au risque (environnemental et pour les populations), qui intéresse d’ores et déjà les sciences sociales. 
  • Des échanges ont porté sur les effets de l’atome sur la santé des femmes, en particulier sur le lait maternel et l’irradiation et le danger que cela pouvait représenter. 
  • Il est aussi rappelé qu’on peut être femme sans être mère, et donc que les enjeux autour du nucléaire ne doivent pas être limités à la maternité.
  • Une conférence de Clémence Peronnet a été citée comme source intéressante sur la corrélation femmes/sciences.

Les femmes dans les métiers du nucléaire

  • La formation
    • Des efforts sont encore à faire pour rendre les filières d’études et les métiers scientifiques, techniques et industriels plus accessibles aux femmes de manière à progresser encore sur ce point dans ces secteurs et dans le secteur du nucléaire par la même occasion
    • Mais les formations dans l’Éducation nationale stagnent, et ne permettent pas encore de transformer durablement la place des femmes dans les métiers technologiques. 
    • Un constat est fait par des participantes lors des échanges en sous-groupes : la réforme du Bac à eu un effet négatif sur l’accès des femmes aux filières scientifiques et techniques.  
  •  L’accès aux métiers du nucléaire
    • La question de l’accès aux métiers associés à l'Énergie nucléaire se pose plus en termes de formation, de sensibilisation et d’accessibilité des femmes vis-à-vis des métiers scientifiques, techniques et industriels. Pour des raisons culturelles et sociologiques, elles sont moins représentées dans les postes décisionnaires et stratégiques, en ingénierie, tout comme dans les métiers dits techniques. Ce constat est partagé dans bien des secteurs scientifiques et cela pose la question de l’orientation des femmes tout au long de leurs études. 
    • Une minorité féminine dans les métiers du nucléaire jugée comme non problématique pour certaines ou, à l’inverse, problématique.  Mais une forte aspiration à plus de mixité et d’inclusion dans les métiers.
    • A noter que dans le secteur spécifique des métiers du nucléaire, la part des femmes a connu une augmentation significative entre le début des années 2000 et 2020.
  • Les métiers dans les projets d’EPR2
    • Les projets de construction de nouveaux réacteurs sont donc vu par les personnes investies dans le développement de l’énergie nucléaire comme une opportunité pour créer de nouveaux emplois, développer des formations adaptées et agir comme levier pour améliorer la place des femmes dans la filière. 
    • Certaines participantes attirent l’attention, qu’il ne s'agit pas uniquement de mettre en avant des profils exceptionnels, mais aussi de valoriser les femmes du quotidien, des métiers du quotidien de cette filière, par exemple une soudeuse, etc. pour proposer des modèles accessibles et diversifiés. 

La place des femmes dans le débat public encore soumise à des discriminations

  • Dans le débat public en général, leur voix reste peu visible, malgré une volonté affirmée de participation, de reconnaissance et d’écoute. 
  • Dans le cas précis du militantisme anti-nucléaire, ce qui était rapporté et qu’il ne semble à priori pas y avoir de différences de traitement entre hommes et femmes dans la prise de parole et les échanges à l’oral, ce n’est pas le cas lors d’échanges sur les réseaux sociaux où elles constatent - ainsi que certaines participantes - que les propos misogynes y sont beaucoup plus libérés envers les femmes dans ces cas-là.
  • Certains témoignages évoquent un climat difficile pour les femmes souvent cibles de propos misogynes dans des échanges qui sont proposés en distanciel. Face à cet anonymat, elles constatent que cela favorise les prises de paroles insultantes à leur égard et qu’il est malheureusement difficile de trouver des solutions satisfaisantes pour contrer ce phénomène.
  • Une distinction est rappelée par certaines participantes : il est possible d’être favorable au nucléaire sans être anti-écologie. Elles trouvent cela dommage d’opposer les deux car elles se sentent profondément préoccupées par les sujets environnementaux tout en travaillant (pour certaines) dans les métiers en corrélation avec le secteur nucléaire.
  • Dans le débat public, et plus largement la sphère publique, le fait que la participation des femmes, et surtout leur prise de parole, soit minoritaire est un constat largement partagé. Les raisons invoquées sont diverses tout comme les pistes de solutions apportées par certaines : éducation” à l’audace” dès la maternelle, commencer les tours de questions dans une réunion publique par des femmes, considérer la non-mixité ou inversement. Le consensus sur ces enjeux qui sont vus comme sociétaux n’existe pas.

En conclusion, les discussions ont porté sur les trois axes proposés d’une manière assez fluide avec des associations d’idées ou des chiffres clairs portés par certaines intervenantes. Le point de convergence pourrait être trouvé autour d’une évolution dans l’approche socio-éducative des jeunes femmes, le besoin de communiquer et promouvoir la place des femmes, et l’importance des réseaux d’entraide en non mixité. Lié à ce dernier point, l’équipe du débat tient à souligner la posture adoptée par les hommes présents, en minorité significative. Celle-ci s’est caractérisée par une écoute active et du retrait, excepté pour un ou deux participants doutant de la pertinence du sujet. Ces résultats soulignent la nécessité d’une meilleure représentation des femmes dans le nucléaire et dans les espaces de débat public, ainsi que l'importance de l’information et de l’inclusivité pour favoriser leur engagement. Ces premiers éléments sont des orientations qui ont permis un premier recueil des sujets sur lesquels travailler. 
 

La présentation des intervenant.e.s

Les photos

La vidéo

Les ressources

  • Titre : Femmes, guerre et nucléaire, les pieds dans la poudrière
    Auteur : L’heure des éclaireuses
    Format :  podcast (40 minutes)

    Date : 5 septembre 2022
    Je consulte le podcast

  • Titre : Femmes et nucléaire : et toujours le poing levé !
    Auteur : « La Terre au carré », France inter
    Format : podcast (55 minutes)
    Date : 30 mars 2023
    Je consulte le podcast

  • Titre : À la croisée des luttes : Les femmes contre le nucléaire
    Auteur : Sortir du nucléaire
    Format : article web
    Je commence la lecture

Des données sur la relation entre femmes et énergie nucléaire :

  • Titre : Les Français et le nucléaire : adhésion et traits d’image
    Auteur : Ifop (institut français d’opinion publique)
    Format : sondage
    Date : 19 septembre 2022
    Je commence la lecture

  • Titre : Les Français et le nucléaire : connaissances et perceptions
    Auteur : Orano et BVA
    Format : enquête – rapport de résultats
    Date : juin 2023
    Je commence la lecture

  • Titre : Femmes, environnement et nucléaire : une relation complexe
    Auteur : Voix du nucléaire
    Format : Newsletter
    Date : 21 août 2023
    Je consulte la newsletter

  • Publié le 27/02/2025
  • Date de dernière mise à jour : 22/04/2025