50 élèves ingénieurs de l’école Centrale Lyon débattent sur les controverses du projet

L'équipe du débat a participé à un atelier de controverse avec une 50aine d’élèves Ingénieurs de 2ème année à l'École Centrale de Lyon. Cet atelier s’inscrivait dans le module « Controverses environnementales » de leur formation en écologie et environnement.

Image 19/03/2025 - Centrale Lyon

Un atelier des controverses argumenté

Mercredi 19 mars, sous la supervision de leurs enseignant·es, Céline Besançon et Sébastien Cécillon, les élèves se sont vu attribuer des rôles par tirage au sort afin de se prêter à un exercice d’argumentation, pour ou contre le projet de réacteurs nucléaires dans le Bugey. Ils et elles avaient préparé leur argumentaire en s’appuyant sur des sources variées, telles que le Dossier de présentation du projet, les études de l’Agence de l’eau, les scénarios de l’Agence de la transition écologique (ADEME), ainsi que tout autres articles leur permettant d'asseoir leur argumentaire. L'exercice de controverse  s’est déroulé en 2 phases, opposant successivement un groupe favorable et un groupe opposé au projet.

Les échanges ont permis d’explorer la complexité du sujet, tout en mettant en lumière les enjeux locaux, nationaux et internationaux. Les règles fixées lors de l’exercice ont permis un partage équitable de la parole entre les groupes. Les enseignant·es ont apporté un cadrage pédagogique et  replacé les discussions dans leur contexte local, souvent mis au 2nd plan par les étudiant·es, plutôt sensibilisés par des enjeux internationaux.

Des échanges passionnants

Après cet exercice et une présentation des missions de la CNDP par l’équipe du débat, les élèves ont eu l’opportunité de partager leurs réflexions personnelles sur le projet. Un échange libre, sous forme de débat, a alors pris place, faisant émerger des questions et arguments diversifiés :

  • L’argument du « Not In My Backyard (NIMBY) », en français « pas dans mon jardin », avancé pour justifier le choix d’implanter un EPR2 sur un site déjà existant.
  • La problématique de la concentration des moyens de production électrique sur un nombre limité de sites, dans un contexte géopolitique incertain.
  • La dimension industrielle du projet et l’opportunité ou non de développer une production d’énergie en France pour l’exportation, d’une technologie et d’une production,  vers d’autres pays.
  • La question de l’utilisation du nucléaire comme énergie de transition, certain·es exprimant un avis mitigé sur sa pertinence face à l’impératif de sobriété énergétique et à la nécessité d’assurer l’accès à l’énergie pour tou·tes.
  • Le coût du projet, mis en parallèle des investissements nécessaires pour assurer l’efficacité énergétique des bâtiments existants et le manque de financements en recherche et développement pour des matériaux biosourcés.
  • Le manque d’ouvrier·es qualifié·es en France, ce qui pourrait jouer sur les délais de construction des futurs EPR2. Ce résultat serait, selon une élève, la conséquence d’orientations scolaires qui dévalorisent les filières professionnelles (alors qu’il y a beaucoup d’ingénieurs comme eux).
  • La sécurité hydrique des territoires dépendants du Rhône a été un sujet d’échanges, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR).
  • Le dérèglement climatique et son impact sur les centrales actuelles et futures, notamment à propos des centrales situées en bord de mer, de leur approvisionnement en eau de refroidissement. Certain·es ont avancé une réponse pragmatique concernant la submersion des centrales en bord de mer, estimant qu’il serait possible de surélever les infrastructures pour éviter ces problèmes.
  • La fiabilité des données communiquées par EDF sur l’usage de l’eau, jugées sous-estimées par certain·es élèves.
  • L’impact environnemental des installations nucléaires, avec un positionnement anthropocentré d’une étudiante, qui posait la question de la priorité entre la contamination possible de la vie aquatique et celle des habitant·es de Lyon (nappe phréatique).
  • Enfin, les élèves ont questionné la notion d’indépendance énergétique, la reliant à la géopolitique et aux difficultés d’approvisionnement en uranium depuis le Kazakhstan ou le Niger, pays potentiellement plus proches de la Russie ou de la Chine que de l’Europe. Une réflexion éthique a émergé sur la dépendance à des régimes autoritaires et le soutien indirect à leur stabilité économique. Certain·es ont conclu que l’indépendance énergétique totale était une illusion, et que seule la sobriété pouvait réduire durablement cette dépendance.
  • Peu d’élèves ont abordé les questions de gouvernance ou de législation, hormis une interrogation sur la réelle prise en compte de la parole citoyenne dans les décisions politiques.

Enfin, une interrogation a clôturé les discussions : concentrer le débat sur l’aspect local ne risquait-il pas de biaiser la réflexion en limitant l’ampleur des enjeux abordés ?

  • Publié le
  • Date de dernière mise à jour : 14/04/2025

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