Journée à Saint Julien en Born et rencontre avec la SMALAH

Le débat public Plateforme photovoltaïque « Horizeo » est allé à la rencontre du public de l’association Smalah à Saint Julien en Born dans les Landes samedi 2 octobre.

HORIZEO - Journée Smalah

Aurélie de Domingo, membre de la CPDP, accompagnée de Sophie Chaumette, chargée de mission au sein du secrétariat général, se sont rendues dans le village de Saint Julien en Born (Landes) pour une journée conviviale et ensoleillée le samedi 2 octobre.

Nous avons fait une première étape au marché de Saint Julien, animé avec une belle offre de produits locaux (vannerie, fruits et légumes, miel et autres produits des ruches, pains, gâteaux et autres friandises, etc.).

Les échanges se sont facilement engagés avec les commerçants et les habitants pour des discussions souvent assez longues (20mn environ) sur les questions d’agriculture, de préservation de la forêt, des risques, etc. Nous avons rencontré une quinzaine de personnes dont les avis étaient majoritairement négatifs sur le projet, tout en convenant que la forêt landaise pourrait être exploitée de manière plus vertueuse.   

Un agriculteur nous a fait part de retours d’expériences locales sur l’agrivoltaïsme (à Taller et à Mios) avec des élevages qui n’auraient pas été bien nourris et/ou des exploitant.e.s qui se seraient retrouvé.e.s en difficulté pour exploiter les terres attribuées.

Plusieurs participant.e.s ont indiqué que les parcs photovoltaïques représentaient une opportunité de revenus pour le territoire, même si leur exploitation (comme les forêts) reviendrait à quelques propriétaires fonciers. Certaines personnes croisées sur le marché se sont positionnées en faveur de l’énergie photovoltaïque mais sur des zones déjà artificialisées.

Vers 12h15, nous avons pris la direction de la Smalah et leur beau bâtiment en plein cœur du village : le café associatif « La Grange ». Nous nous sommes alors installé.e.s en terrasse et nous avons commencé à échanger de manière informelle avec les participant.e.s qui nous rejoignaient, après le marché.

Nous nous sommes ensuite attablé.e.s sur la terrasse de la Smalah pour un déjeuner préparé par le restaurant « Le Saint Julien ». Les discussions du déjeuner sont parties dans toutes les directions : le débat, l’engagement pour l’écologie, le réchauffement climatique mais aussi les motivations et parcours des un.e.s et des autres. La table portait une belle diversité d’âges et d’expériences : militants associatifs, retraités et actifs dans des secteurs professionnels différents (éducation, environnement, santé, etc), personnes de passage et habitants de la commune ou de villages alentours.

Après le repas, les échanges ont duré environ 2h et ont balayé beaucoup de sujet. Les discussions sont régulièrement lancées à partir du projet pour questionner des choix de sociétés, ou des choix politiques plus généraux.

Les premières interrogations ont porté sur la taille du projet et l’opportunité de s’installer sur une parcelle boisée. L’articulation avec le développement d’une stratégie « zéro artificialisation nette » a été questionnée. La question s’est posée selon ces termes : « s’il est pertinent de réaliser un projet de cette taille pour contribuer de manière significative à la transition énergétique cela peut être intéressant mais il faut démontrer que la production sera significative et que le développement d’autres projets sera bien encadré avec une vraie stratégie de compensation ». De manière générale, il est ressorti qu’un investissement massif de subventions de la part de l’Etat permettrait de développer de nombreux projets photovoltaïques sur des sites déjà artificialisés. Ce serait certes plus coûteux mais cela constituerait un choix valable de soutien de l’Etat.

La discussion autour du projet a également permis de questionner la consommation énergétique et la promotion de la maîtrise des consommations par tous (citoyens, industriels). Un débat plus précis a même été engagé entre les participants : la décroissance de la consommation énergétique devrait-elle être portée par le producteur ou le consommateur ? Un participant a même pris pour exemple la 5G dont le développement a été constaté suite à la décision politique de la promouvoir.

Les personnes présentes ont aussi évoqué la possibilité de revenir à un service public de l’énergie afin de garantir que les enjeux écologiques passent avant les questions de rentabilité. Les participant.e.s se sont accordé.e.s pour dire que les grands industriels de l’énergie : « ne changent pas de logiciel » et « manquent d’imagination » privilégiant les grandes centrales plutôt que de plus petits projets.

Le projet a aussi été questionné du point de vue du nucléaire et notamment pour savoir si la production qu’il permet pourrait être une substitution à d’autres sources de production électrique, notamment la centrale nucléaire de Blaye.

Le débat public a également été interrogé. A la fois dans sa méthodologie (comment la CNDP travaille, comment elle rend compte de l’avis des citoyens, comment elle choisit les différents lieux et modalités de débat ?) et dans la réalité de la prise en compte des arguments et prises de position recensées dans le compte-rendu.

La démarche de la convention citoyenne a été citée en exemple mais il a également été mis en avant que les avis rendus n’ont pas été suivis par le politique et l’assemblé en a conclu qu’il faudrait créer des assemblées citoyennes qui puisse peser dans la décision politique. Une défiance vis-à-vis du politique et de la prise de décision a été exprimée. En effet, les enjeux du temps politique inscrivent les décisions dans des temps courts alors que l’écologie nécessite de s’inscrire sur le long terme. Un participant s’est questionné pour illustrer cela selon ces mots : « le seul moyen de faire entendre sa voix serait-il d’être hors la loi (cf ZAD) ? »

Dans les propositions qui ont émergé, on a pu noter :

  • La possibilité de flécher directement les recettes fiscales de la communauté de commune et de la commune sur des projets environnementaux (subventions à la transition énergétique, à la réhabilitation des logements qui sont des passoires thermiques, à l’alimentation …).
  • Plutôt que de proposer une n-ième compensation, pourquoi ne pas imposer une taxe à l’industriel qui souhaitent s’installer sur un espace naturel non-artificialisé ?
  • L’arrêt de la centrale nucléaire de Blaye pourrait être une contrepartie à ce projet.
  • Publié le 05/10/2021
  • Date de dernière mise à jour : 05/10/2021

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