Retour sur le premier atelier de controverses du débat

Quel avenir pour l'électricité en Nouvelle-Aquitaine ? C'est à cette question que deux experts ont tenté de répondre dans le cadre du premier atelier de controverses, organisé en partenariat avec Sud Ouest et diffusé jeudi 23 septembre à 18h.

HORIZEO - Atelier des controverses

Jean Paoletti, directeur régional d'Enedis et Marc Jedliczka, expert photovoltaïque (association Hespul) et porte-parole de l'association négaWatt, ont participé à cet atelier de controverses animé par Stéphane Vacchiani, journaliste de Sud Ouest. La Commission particulière du débat public était représentée par Philippe Bertran.

De nombreux thèmes ont ainsi pu être traités : production électrique en France et en Nouvelle-Aquitaine, mix énergétique et électrique, scénarios d'évolution des besoins en électricité, électrification des usages (mobilité notamment), sobriété électrique, amélioration de la performance énergétique, développement du photovoltaïque...

Une quinzaine d'acteurs du territoires étaient présents à la diffusion publique organisée par la Commission et ont pu prolonger les échanges autour de ces thématiques durant 1h15. Vous trouverez, ci-après, le compte-rendu de cet échange.

Trois autres ateliers de controverses seront organisés, en partenariat avec Sud Ouest, dans le cadre du débat public :

Ces ateliers de controverses seront à suivre en direct ou en replay sur SudOuest.fr et sur les réseaux sociaux. Pour chacun de ces ateliers une diffusion publique sera organisée à 18h dans les locaux de Cap Sciences à Bordeaux et suivie d'un temps d'échange (non filmé).

Ces ateliers de controverses ne traitent pas directement du projet "Horizeo" mais ils permettent au public de s'approprier les grands enjeux soulevés par le projet.

 

À la suite de l’atelier de controverse proprement dit, dans lequel étaient intervenus Marc Jedliczka, expert en photovoltaïque, directeur général de l’association Hespul, porte-parole de l’association négaWatt, et Jean Paoletti, directeur d'Enedis en Nouvelle-Aquitaine, s’est tenue une réunion animée par Philippe Bertran (CPDP) qui rassemblait une quinzaine de personnes appartenant pour la plupart à des associations, entreprises ou organismes concernés par le thème de l’atelier : SEPANSO, Association des écologistes pour le nucléaire, EDF, Shift project, Acclimaterra, RTE, Valorem.

La CNDP avait également invité la Région, le Département, le Sysdau, le CESER, l’ADEME, l’AREC, le Syndicat départemental d'énergie électrique (SDEEG 33), Enercoop et le SER, qui n’ont pas envoyé de représentant.

La réunion, qui s’est tenue hors de la présence des maîtres d’ouvrage du projet Horizeo, a consisté en un échange entre MM. Jedliczka et Paoletti et les participants sur les thèmes suivants choisis par ces derniers.

Faut-il 1 GW de puissance électrique supplémentaire en Nouvelle-Aquitaine ?

Les deux experts ne reviennent pas sur l’évolution des besoins en électricité d’ici 2050, l’atelier de controverse ayant montré leur accord sur ce point : un besoin global en électricité qui, au mieux, ne diminuera pas et, dans tous les scénarios, une forte augmentation de la production d’électricité photovoltaïque.

Ils sont en revanche amenés à s’exprimer sur la nécessité d’installer 1 GW de puissance électrique supplémentaire en Nouvelle-Aquitaine, comme le prévoit le projet Horizeo, sachant que cette région produit actuellement plus d’électricité qu’elle en consomme.

Sur ce point, la convergence de vues des deux experts, ainsi que de plusieurs participants, est totale. Il ne faut pas raisonner à l’échelle d’une région car cela créerait des risques de coupure ou nécessiterait, pour éviter de telles coupures, une puissance installée globale très supérieure à ce qui est nécessaire en moyenne. Le réseau électrique fonctionne sur un principe de solidarité et de mutualisation. L’équilibre entre production et consommation ne se fait pas à une maille régionale mais au niveau national, voire européen. Les territoires dont les caractéristiques géographiques ou météorologiques (cours d’eau, ensoleillement, vent) permettent une production d’énergie renouvelable doivent y contribuer non en fonction de leurs besoins propres mais de leur potentiel de production électrique.

Peut-on se contenter de faire du photovoltaïque sur des surfaces bâties ?

Un participant ayant rappelé qu’en Allemagne, la loi impose l’implantation de panneaux solaires sur les nouveaux bâtiments, les deux experts reviennent brièvement sur un autre point qu’ils ont évoqué plus longuement lors de l’atelier de controverse et sur lequel ils sont également d’accord. Selon eux, implanter des panneaux photovoltaïques uniquement sur des bâtiments serait insuffisant pour répondre aux besoins futurs : la construction de parcs au sol de toutes tailles est indispensable. Pour Marc Jedliczka, qui ne se prononce pas sur le projet Horizeo mais de manière générale, seules les surfaces agricoles utilisées pour l’alimentation doivent être a priori exclues. La recherche de nouvelles aires d’implantation doit faire l’objet de débats publics et nécessitera forcément des compromis.

Nucléaire vs photovoltaïque

La place du nucléaire dans le mix énergétique néo-aquitain est évoquée. C’est un sujet qui ne fait pas consensus. Un participant estime que la priorité est de faire fonctionner le plus longtemps possible la centrale du Blayais plutôt que de réduire la surface sylvicole pour y implanter des panneaux photovoltaïques. Qu’elles soient favorables ou non au nucléaire, les autres personnes qui prennent part à la discussion estiment que la construction de parcs photovoltaïques sera nécessaire quelles que soient les décisions prises en matière de centrales nucléaires.

Le nom de Fessenheim étant prononcé, il s’ensuit une discussion qui fait apparaître des avis très contrastés sur les raisons et le bien-fondé de l’arrêt de cette centrale.

Les coûts

Il apparaît un consensus des experts sur la possibilité de réaliser des économies d’échelle en matière de parcs photovoltaïques, ce qui peut expliquer que les maîtres d’ouvrage d’Horizeo ne prévoient pas un subventionnement de leur production d’électricité.

De même, plusieurs participants notent une baisse continue du coût de l’électricité photovoltaïque, qui devrait se prolonger dans les prochaines années.

En revanche, l’évolution future du coût de l’électricité nucléaire fait débat.

Le problème des variations de production des parcs photovoltaïques

L’avantage qu’aurait le nucléaire sur les énergies renouvelables, et en particulier le photovoltaïque, par le fait de pouvoir piloter la production, est contesté ou relativisé par plusieurs participants qui mettent en avant les techniques de stockage direct ou indirect de l’électricité « verte » : batteries, production d’hydrogène.

Un participant mentionne une étude faite par RTE avec l’AIE sur les conditions nécessaires pour pouvoir intégrer une part importante d’électricité renouvelable dans le réseau donc pour gérer un système subissant de fortes fluctuations de production. L’étude a montré qu’une telle évolution était possible en développant divers moyens de flexibilité, de stockage et d’adaptation du réseau.

Un autre moyen indirect de stocker de l’électricité suscite une longue discussion : il s’agit de la méthanation, technique consistant à produire du méthane en mettant en contact du dioxyde de carbone et de l'hydrogène. Le méthane ainsi produit pourrait à terme se substituer au gaz naturel d’origine fossile. Les intervenants ne sont pas d’accord sur la faisabilité industrielle de ce procédé et son coût.

  • Publié le 24/09/2021
  • Date de dernière mise à jour : 29/09/2021

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