Zoom sur une modalité du débat : les points de contacts

Afin d’informer et de recueillir les avis du plus grand nombre, la Commission particulière a souhaité se rendre dans les lieux du quotidien sur les territoires dans le cadre de « points de contacts ». Ces derniers étaient donc des rendez-vous de proximité, au contact direct des citoyen.ne.s.

Les points de contacts : des moments de rencontre ancrés dans le quotidien

Au total, sur les 18 stands installés au cours du débat, 8 l’ont été sur le territoire de Bordeaux Métropole, 7 sur la communauté de communes Montesquieu, et 3 dans les communautés de commune voisines (communauté de communes du Val de l’Eyre et Jalles Eau Bourde).

Les stands se présentaient toujours de la même façon, on y trouvait exposés : les panneaux de présentation du débat et de la CNDP, les panneaux de la maîtrise d’ouvrage décrivant le projet, et un panneau solaire. D’autres objets de plus petites tailles étaient mis à disposition par la maîtrise d’ouvrage : une maquette du fonctionnement des batteries de stockage et une découpe de câble de raccordement fournie par RTE.

En termes de moyens humains, à chaque point de contacts étaient présent.e.s :

  • Au moins un.e membre de la maîtrise d’ouvrage (Engie, Neoen, ou le plus souvent les deux)
  • Au moins un.e membre de la CPDP
  • Les membres du secrétariat général de la CPDP
  • Des étudiant.e.s du BUT Carrières sociales option Villes et territoires durables (sur certains points compatibles avec leurs emplois du temps)

Les membres de la Commission, du secrétariat général et les étudiant.e.s allaient directement à la rencontre des passant.e.s, les renvoyant ponctuellement vers la maitrise d’ouvrage en cas de questions précises sur le projet.

Afin de recueillir les propos au plus juste, des carnets de suivi étaient mis à disposition de l’équipe du débat. Ils permettaient le recueil minutieux de verbatim exacts, mais également de comptabiliser le nombre de documents distribués, ou encore d’estimer le nombre de discussions plus ou moins longues qui avaient pu être engagées.

Enseignements et conclusions majeures

Au cours de ces 18 points de contacts, près de 1800 documents du débat ont été distribués, nous avons discuté environ plus de 3 minutes avec 280 personnes, et environ moins de 3 minutes avec 410 personnes. Plus de 430 citations ont ainsi été notées.

D’après la quantité de verbatim recueillie pour chaque thématique identifiée dans le débat, les points les plus souvent abordés ont été les suivants :

  • Forêt, sylviculture et compensations (112)
  • Inscriptions dans les enjeux nationaux et régionaux (climat, énergie, aménagement) (99)
  • Impacts environnementaux (eau, sols, déchets, biodiversité…) (42)
  • Modèle économique, profitabilité, gouvernance (32)
  • Retombées économiques, sociales, industrielles et locales (27)
  • Risques naturels et technologiques (20)
  • Sincérité du débat (17)
  • Briques : opportunité, interdépendance, technologies, recyclage (14)

Deux thématiques sont massivement revenues : celle relevant de la forêt, et celle concernant les enjeux nationaux et régionaux en matière de climat, d’énergie ou d’aménagement.

A noter : les analyses qui suivent restent provisoires et seront affinées dans le rapport rendu par la Commission au mois de mars 2022.

Forêt, sylviculture et compensations

Dans cette thématique, une grande majorité des paroles relevées dans les points de contacts mentionnent la problématique liée à la localisation du projet.

Ce sous-thème se décline de deux façons majeures :

  • Les oppositions fermes à la déforestation et donc au projet
  • Les oppositions propositionnelles, contre la déforestation mais favorables à l’implantation du projet ou d’une installation solaire sur d’autres zones

Parmi les propositions alternatives, une majorité concerne l’implantation de panneaux solaires sur des zones artificialisées (toits, friches, parkings…).
 

« On peut faire du photovoltaïque sur des friches ou des toits »
(Marché du Barp, 21/11/2021)

De nombreuses autres propositions concernent les zones agricoles.

« On devrait plutôt mettre des panneaux sur les terrains agricoles »
(Bourg de Saucats, 20/11/2021)

 

Toujours dans la thématique de la forêt, de nombreuses citations ont également été relevées critiquant la qualité de la forêt. Parmi celles-ci, il est généralement reproché à la forêt landaise d’être artificielle ou de manquer de biodiversité. D’autres rappellent qu’il s’agit avant tout d’une exploitation, et que les arbres finiront inévitablement coupés.

« Ce n'est pas la nature la forêt landaise »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)
« C'est de toute façon une forêt qui est souvent coupée »
(Boug de Saucats, 20/11/2021)

Des commentaires plus marginaux ont été relevés concernant la compensation, la mettant notamment en doute.
Citation :

« Si on compense, je suis pour » (Brocante Saint-Michel, Bordeaux, 19/09/2021)

Enfin, certain.e.s exprimaient également leur accord avec le projet, quelle que soit la localisation.
Citation :

« Il faut bien produire de l’énergie quelque part » (Marché de Léognan, 16/10/2021)

Inscriptions dans les enjeux nationaux et régionaux (climat, énergie, aménagement)

Cette thématique contient des arguments variés, qui s’opposent parfois les uns aux autres.

Certaines positions mettent en avant la nécessité de réaliser le projet dans un contexte de changement climatique, d’autres d’électrification croissante des usages.

« Il y a urgence à agir pour la planète donc on est favorables au projet »
(Bourg de Saucats, 20/11/2021)

« Si on veut pouvoir brancher son téléphone et sa voiture électrique il va bien falloir mettre en place des panneaux solaires »
(Quais de Bordeaux, 13/10/2021)

En parallèle, certaines personnes rappellent la nécessité d’un changement de nos modes de consommation vers davantage de sobriété.

« Est-ce que ce n’est pas une course effrénée à dépenser de l’énergie ? »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)

De nombreuses autres ont évoqué l’énergie nucléaire, pour y montrer leur opposition (et donc leur adhésion au projet), ou à l’inverse pour la valoriser.

« Si on ne veut pas se retrouver à la bougie, il faut des projets comme ça pour se passer du nucléaire »
(Marché de Léognan, 16/10/2021)
« Pour l'instant la seule solution c'est le nucléaire »
(Marché de Léognan, 16/10/2021)

L’énergie éolienne a également été régulièrement citée, notamment en contre-exemple et donc pour témoigner une forme d’adhésion nuancée au projet « Horizeo ». De façon plus marginale, certaines personnes appellent au développement de l’éolien en mer.
 

« C'est mieux que les éoliennes »
(Parvis de la halle culturelle de Cestas, 24/11/2021)
« Je suis portugaise et je pense que c'est très bien. Il faudrait aussi mettre de l'éolien en mer ! »
(Place de la Victoire, Bordeaux, 18/09/2021)

Enfin, les personnes interrogées remettaient parfois en question le cadre légal, appelant à l’obligation d’installer des panneaux solaires sur les nouvelles constructions. D’autres questionnent le sens de la privatisation du secteur de l’énergie.

« Il faut que chaque maison soit équipée de panneaux solaires »
(Bourg de Saucats, 20/11/2021)

Impacts environnementaux (eau, sols, déchets, biodiversité…)

A nouveau, cette thématique recoupe de nombreux sous-thèmes. Parmi les plus importants :

  • Le paysage
  • La biodiversité
  • Le recyclage des panneaux solaires

En effet, les questions et remarques relatives au paysage sont régulièrement intervenues dans les points de contacts. Certain.e.s émettaient des inquiétudes sur la dégradation de leurs paysages, d’autres ne voyaient aucun inconvénient à l’implantation du projet.

« Je suis venu habiter ici pour la nature pas pour voir ce genre de projets »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)
« Le photovoltaïque c'est pas pire que les poteaux électriques »
(Intermarché de Saucats, 27/10/2021)

Les arguments relatifs à la biodiversité étaient la plupart du temps avancés dans le but de remettre en question le projet. De façon marginale, certain.e.s ont estimé que le projet pouvait avoir un impact favorable sur la biodiversité.

« C'est un peu contradictoire quand on nous dit que les espèces disparaissent »
(Intermarché de Saucats, 27/10/2021)
« Si ça permet de faire plus de biodiversité, pourquoi pas ! »
(Cap Sciences, Bordeaux, 09/10/2021)

Concernant le recyclage des panneaux solaires, il a également été régulièrement mis en doute, notamment par les riverain.e.s de Bordeaux Métropole.

« Je suis pour mais est-ce qu'on va vraiment recycler les panneaux ? »
(Brocante Saint-Michel, Bordeaux, 19/09/2021)

Modèle économique, profitabilité, gouvernance

Cette thématique recoupe un point majeur du débat : la taille du projet. Lieux de recueil des expressions spontanées, les points de contacts ont régulièrement dévoilé des exclamations face au chiffre annoncé.

« C’est trop grand »
(Marché de La Brède, 06/10/2021)

La gouvernance et le modèle économique interrogent aussi, dans la mesure où plusieurs personnes ont montré une opposition à la dimension « privée » du projet, parfois en appelant à une reprise en main de l’Etat des projets énergétiques au sens large, et donc à une inclusion de la dimension « public ».

« Je suis contre les projets privés »
(Marché de La Brède, 06/10/2021)
« Il faut que l’état reprenne la main, avoir une volonté de partage »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)

La question de l’origine des panneaux solaires a elle aussi été évoquée à plusieurs reprises.

« Quel dommage qu'on ne fabrique pas de panneaux solaires en Europe » (Marché de Léognan, 16/10/2021)

Enfin, de façon plus marginale, des commentaires ont été faits sur les manques de connaissances sur les bénéfices d’Horizeo pour Engie et Neoen, sur la viabilité de la société de projet, ou encore sur la cohérence générale dudit projet.

Retombées économiques, sociales, industrielles et locales

Sur le thème des retombées, un commentaire était omniprésent sur les points de contacts à Saucats et dans les communes limitrophes : celui de la nécessité d’un bénéfice (notamment en termes d’accès à une électricité moins chère) pour les saucatais.e.s.

« Si l’électricité moins chère c’est pour les autres, ce n’est pas la peine, on aimerait profiter de cette électricité-là »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)

Certain.e.s se sont également montré.e.s enthousiaste à l’idée que le projet génère de l’emploi localement.

« Ça va créer de l’emploi et rapporter de l’argent »
(Intermarché de Saucats, 27/10/2021)

A nouveau, plus marginalement, certaines craintes ont été mentionnées, notamment à propos du trafic routier induit par les camions durant la phase de chantier, et plus généralement des risques de perturbation de la tranquillité.

Risques naturels et technologiques

Les risques naturels et technologiques ont spontanément émergé durant les conversations tenues sur les points de contacts. Il s’agissait essentiellement et le plus souvent des risques incendie et inondation.

« On aura le même incendie qu'en 1949 »
(Marché du Barp, 21/11/2021)
« Attention aux risques d’inondation »
(Place de la Victoire, Bordeaux, 18/09/2021)

Ces risques étaient régulièrement associés à des faits locaux récents ou historiques (inondations sur les deux dernières années, grand incendie de 1949). 

Briques : opportunité, interdépendance, technologies, recyclage

Les briques n’ont pas été des éléments centraux des discussions lors des points de contacts. Certaines ont toutefois étaient plus commentées que d’autres. D’abord, l’électrolyseur, qui a suscité plus d’adhésion que de rejet.

« L'hydrogène c'est l'avenir, moi j'y crois beaucoup »
(Place de la Victoire, Bordeaux, 18/09/2021)
« Oui au photovoltaïque, non à l'hydrogène »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)

Le data center a rarement été évoqué. Lorsque c’était le cas, sa pertinence était mise en question.

« La taille du data center me pose problème »
(Marché du Barp, 21/11/2021)

Un unique argument a été noté concernant l’agrivoltaïsme. La place des agriculteurs dans la transition énergétique a par ailleurs été questionnée à Bordeaux.
 

« C'est intéressant de faire de l'agriculture sous les panneaux mais il n'y aura pas de soleil à cause des panneaux »
(Marché de Saucats, 15/10/2021)

Sincérité du débat

Enfin, la dernière thématique étudiée concernait la sincérité du débat. En effet, à plusieurs reprises, les personnes interpellées sur les points de contacts se sont montrées désabusées face aux processus de concertation, estimant les décisions déjà prises.

« Je pense que c'est un faux débat et qu'on ne va pas vraiment nous demander notre avis »
(Bourg de Saucats, 06/10/2021).

Les photos

  • Publié le 04/01/2022
  • Date de dernière mise à jour : 04/01/2022

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