Coordination des concertations des projets de production de carburant d'aviation durable (CAD)
Pourquoi cette page ?
Informer sur l'ensemble des projets de carburants d’aviation durables (CAD) qui font l'objet d'une concertation sous l'égide de la CNDP
- La CNDP a été saisie pour plusieurs projets de production de CAD. Elle dénombre 12 saisines, dont la majorité date de 2024. Ces douze projets sont localisés dans toute la France (cf. carte ci-dessous).
- Afin de donner au public une vision d'ensemble de ces projets de production de carburant d'aviation durable, la CNDP a décidé de créer cette page informative, afin de rassembler les informations essentielles de ces projets, avec l'aide des garantes et garants et des porteurs de projet pour ce qui est des données récoltées.
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La première partie propose des vidéos réalisées à partir de deux tables rondes organisées par la CNDP, l’une sur les raisons des recours au CAD et la seconde sur la technologie des usines de production et leurs impacts. La seconde partie de cette page donne des informations sur les projets les plus récents.
CAD, e-SAF c’est quoi ?
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), organisme des Nations Unies qui aide 193 pays à coopérer et à partager leur ciel au bénéfice de tous, définit les « Sustainable Aviation Fuels » (SAF) comme des combustibles pour l’aviation renouvelables ou fabriqués à partir de déchets qui respectent des critères de durabilité.
Si ces carburants sont fabriqués avec des quantité importantes d’électricité, ils sont appelés « e-SAF » (le « e » pour électricité).
Les Combustibles d’Aviation Durables « CAD » sont la traduction française des SAF. L'expression e-SAF est la plus usitée, e-kérosène l'est parfois. Le terme e-CAD ne l'est pas ou très rarement.
Dans la suite, nous parlerons donc de e-SAF, car les projets auxquels nous nous intéressons utilisent massivement de l’électricité, notamment pour fabriquer de l’hydrogène qui est un des « ingrédients » des e-SAF.
Les vidéos des tables rondes
Les tables rondes organisées par la CNDP ont pour objectif de partager des informations sur les e-SAF et sur la manière de les produire. Les experts qui ont accepté d’y participer viennent d’horizons très divers : association Aéro-décarbo, ADEME, Airbus, CEA, DGAC, DGEC, INERIS, IPFEN, association Transport et environnement.
Les tables rondes ont été enregistrées et sont accessibles sur la chaîne Youtube de la CNDP https://www.youtube.com/@CNDP-debatpublic/videos ou par les liens ci-après, plus précis.
La première table ronde est organisée en trois thèmes :
- les choix effectués par l’Union Européenne ;
- comment s’organise-t-on en France pour produire et distribuer le kérosène de synthèse ;
- que se passera-t-il d’ici 10 ans ?
Table ronde du 26 mars 2025 « La décarbonation : contexte & règlementation »
La première table ronde est organisée en trois parties :
Les participants :
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Eric Chambon, Adjoint au sous-directeur de la sécurité d'approvisionnement et des nouveaux produits énergétiques, Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC)
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Jérôme du Boucher, Responsable aviation France, Association Transport & Environnement
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Jean-Philippe Heraud, Responsable de programme, IFP Energies nouvelles, transition énergétique (IFPEN)
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David Marchal, Directeur Exécutif Expertises et Programmes, ADEME
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Kevin Guittet, Sous-directeur du développement durable, Direction générale de l'aviation civile (DGAC)
En suivant les liens ci-après, vous pouvez accéder directement à une question/réponse de chaque partie.
Partie 1 - Les choix effectués par l'Union européenne
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Question 1 : sur quels constats se basent ces décisions ?
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Question 2 : un autre choix était-il possible, les avions électriques ou à hydrogène, par exemple ?
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Question 3 : Pourquoi un kérosène de synthèse, qui produit dans un réacteur d’avion autant de CO2 que du kérosène fossile, est-il quand même plus protecteur pour la planète ?
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Question 4 : Quel est le calendrier des obligations d’incorporation de kérosène de synthèse, et sur qui portent ces obligations ?
Partie 2 - Comment s'organise-t-on en France pour produire et distribuer le kérosène de synthèse ?
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Question 1 : Certains sont des « eSAF » d’autres « SAF », pourriez-vous expliquer rapidement la différence ? En termes de projets, est-ce beaucoup, ou pas assez ?
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Question 2 : Quelles sont les ressources nécessaires pour fabriquer du e-kérosène ? Quelles sont les limites environnementales au déploiement du e-kérosène?
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Question 3 : Les pouvoirs publics en France souhaitent ils encourager ces initiatives ? Et si oui, comment ?
Partie 3 - Que se passera t'il d'ici 10 ans ?
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Question 1 : Regardons maintenant un peu plus loin dans le temps, par exemple au moment où les avions brûleront 35% de carburant de synthèse. Est-ce que ce carburant sera plus cher que le kérosène fossile, et qui paiera ?
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Question 2 : Quelle pourrait être, finalement l’efficacité de ces choix, la production de CO2 du secteur aérien va-t-elle suffisamment baisser ? Votre avis ?
La seconde table ronde est organisée en deux parties ; la première intitulée « Comment ça marche ? » fournit quelques clés pour comprendre comment sont produits les e-SAF, celles-ci permettant d’appréhender la seconde partie « Incidence sur l’environnement des usines de e-SAF ».
Table ronde du 17 avril 2025 « La fabrication des E-SAF »
Retrouvez l'ensemble des séquences de cette vidéo sur la chaîne Youtube de la CNDP.
Les participants :
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Mélanie Astruc, Directrice de projet carburants durables pour l’aviation (Airbus)
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Sibylle Duval Dachary, Ingénieure chercheure en Analyse du Cycle de Vie (IPFEN)
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Claire Gauthier, Chef de programme économie circulaire du carbone (CEA)
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Loïc Bonifacio, Coordinateur du projet d’études sur les carburants dans l’aérien (Aéro-Décarbo)
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Jean-Philippe Heraud, Responsable de programme, IFP Energies nouvelles, transition énergétique (IFPEN)
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Benjamin Truchot, Directeur adjoint, Direction incendie dispersion explosion (INERIS)
En suivant les liens ci-après, vous pouvez accéder directement à une question/réponse de chaque partie.
Partie 1 - Comment ça marche ?
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Plutôt que des e-SAF, ne vaudrait-il pas mieux faire des avions électriques ou à hydrogène ?
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Quelles sont les différences entre les deux technologies methanol-to-jet et Fischer-Tropsch ?
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C’est de la chimie tout cela, pourquoi au final ce e-SAF serait-il « vert » ?
Partie 2 –"Incidence sur l’environnement des usines de e-SAF"
Pour aller plus loin
Les participants aux tables ont signalé quelques liens intéressants, en rapport avec les sujets développés dans les tables rondes.
Documents de Transport & Environnement
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Une étude sur les perspectives de réduction d'émissions du secteur aérien européen par rapport aux prévisions de trafic
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La cartographie européenne des projets de carburant de synthèse (janvier 2024)
Documents de l’ADEME
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Une infographie sur la décarbonation du transport aérien
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Une étude sur les limites environnementales liées au déploiement massif des e-carburants (H2 & CO2)
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Une infographie sur la valorisation du CO2
Les informations sur les projets
Pour agrandir ou réduire la taille de la carte, cliquez sur les boutons [+] ou [-] dans le menu à gauche. Vous pouvez également déplacer la carte avec la souris.
Voir en plein écran
Le code de l'environnement prévoit une concertation par projet, toutefois il semblait important de permettre une vision d'ensemble des projets, car certains enjeux et thématiques peuvent être débattus de manière globale, ils concernent tous les projets. D'autre part, il semblait important de donner à voir au public la dynamique d'ensemble et les objectifs de production envisagés aujourd'hui ainsi que les différentes techniques et processus envisagés.
La démarche
Les garants des concertations ont demandé aux porteurs des différents projets de renseigner un tableau des caractéristiques de leur projet. Les données de tous les projets ont été compilées par la CNDP et présentées sous forme de tableaux et diagrammes.
Les projets ont une temporalité assez proche, en effet leur mise en service est prévue entre 2029 et 2031.
Les projets
Les projets en Concertation Préalable
Les liens ci-après envoient vers les pages du site Internet de la CNDP des projets de e-SAF. Elles donnent accès aux décisions de la CNDP et aux informations sur les projets, ainsi qu’aux sites des différentes concertations.
Projets portés par Verso Energy :
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Usine de production de carburant de synthèse dans les Vosges (88) -Ep'Hyne
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Usine de production de carburant de synthèse en Haute-Vienne et Charente (87, 16) - LiCHEN
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Usine de production de carburant de synthèse dans les Landes (40) - ReSTart
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Usine de production de carburant de synthèse en Eure et en Seine-Maritime (27, 76) - DéZIR
Projet porté par QAIR : (concertation préalable suspendue lors de la séance plénière du 07 mai)
Projet porté par Hynamics :
Projet porté par Elyse Energy:
Les projets en Concertation Continue
A l’issue de la concertation préalable, Hy2Gen a décidé de remanier en profondeur son projet. Le détail des nouvelles caractéristiques n’est pas connu. De plus, ce projet est actuellement en attente. Son devenir dépend de décisions extérieures qui ne sont pas encore prises.
Projet porté par Elyse Energy :
Ce projet est assez différent des autres, car il utilise de la biomasse au lieu de CO2 comme matière première pour fabriquer le e-SAF.
Projet porté par H2V :
Les projets non retenus
Bien que soumis à concertation et produisant directement ou indirectement des SAF, les projets suivants n’ont pas été retenus pour la partie "données agrégées" :
Projet porté par H2V:
Ce projet ne prévoit pas de fabriquer des e-SAF, mais seulement un produit intermédiaire, le e-méthanol. Celui-ci pourra être envoyé dans d’autres usines de H2V pour être transformé en e-SAF, le e-méthanol peut également servir de carburant pour des navires.
Projet porté par Total Energy Raffinage:
Ce projet dont la concertation est terminée utilise des huiles usagées pour fabriquer le SAF. Ce n’est pas un e-SAF.
Les enjeux communs
Les thèmes communs correspondent à des enjeux à débattre de manière globale, par exemple la consommation d’électricité. A l’inverse, les problématiques locales (consommation d’eau, biodiversité, mobilité, etc.) ne sont pas traitées.
Les besoins
Sur la base du texte ReFuelEU pour l’Europe et selon les projections de l’Association internationale du transport aérien pour le monde, les besoins en carburants durables pour l’aviation seraient en ordre de grandeur les suivants :
(source : https://www.3af.fr/fr/news/decarbonation-secteur-aerien-2377)
Les données agrégées et les réponses apportées
La typologie des projets
Tous les projets à l’exception de E-CHO et de Take Kair utilisent le même principe pour fabriquer les e-SAF, à savoir le procédé « méthanol-to-jet ». Le principe est le suivant :
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fabrication d’hydrogène par électrolyse ou membrane échangeuse de protons (sous-produit oxygène) ;
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fabrication de méthanol avec du CO2 provenant d’autres installations et l’hydrogène ;
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transformation du e-méthanol en e-SAF (sous-produits e-naphta et e-diesel).
Les deux autres projets utilisent la synthèse « Fischer Tropsch » qui transforme un mélange, appelé syngas, de monoxyde de carbone (CO) et d’hydrogène en e-SAF (sous-produits e-naphta et e-diesel).
Dans le cas de Take Kair, l’hydrogène produit est combiné avec le CO2 provenant d’autres installations pour produire le syngas.
Dans le cas de E-CHO, le syngas est fabriqué à partir de biomasse gazéifiée à très haute température, auquel y est ajouté l’hydrogène.
La production de e-SAF
Il faut environ 0,6 kg d’hydrogène et un peu plus de 4 kg de CO2 pour produire 1 kg de e-SAF (et un peu moins de 3 kg de méthanol). La différence de poids s’explique par l’oxygène qui disparaît dans le processus (les e-SAF, comme tous les hydrocarbures ne sont composés que de carbone et d’hydrogène) et par les sous-produits (naphta et diesel).
Aucun des projets n’a encore retenu définitivement la technologie pour produire l’hydrogène.
La production cumulée serait de 740 500 tonnes/an de e-SAF. Ce chiffre peut être comparé aux besoins identifiés à l’horizon 2030 en France : 500 000 tonnes (cf. supra).
La majorité des projets a une production de l’ordre de 70-80 000 tonnes/an. Dans le tableau ci-dessous qui indique la production relative de e-SAF des projets, 1 correspond à 75 000 tonnes/an.
Tous les projets envisagent de fournir les aéroports les plus proches de leurs implantations, voire les autres aéroports nationaux ou encore internationaux (LiCHEN, ReSTart, Ep’Hyne).
Les besoins en électricité
Les besoins cumulés en électricité sont de 3 556 MW. Cela correspond à la puissance maximale d’environ 200 éoliennes marines les plus puissantes actuellement (18 MW) ou à un peu moins que la puissance maximale de 3 unités de production électronucléaire de 1 300 MW ou encore de 1 500 ha de panneaux solaires avec un éclairement maximal (250 Wc/m2).
Ces chiffres sont purement indicatifs, car les installations de production d’électricité précitées ne produisent à pleine puissance pas aussi longtemps par an que les usines de e-SAF.
La consommation annuelle d’électricité n’a pas été fournie par plusieurs porteurs de projet. Elle a été estimée dans ce cas en multipliant la puissance par 8 000 heures, qui est généralement la durée de fonctionnement annuel d’une installation industrielle qui fonctionne en permanence.
La consommation cumulée annuelle est estimée à 27,8 TWh/an, soit 6,5 % de la production annuelle du parc nucléaire français (référence année 2005, record de production nucléaire en France = 430 TWh) ou 1/3 des exportations d’électricité en 2024 (80,9 TWh, record historique, source Rte) ou 1,3 fois la production française de solaire photovoltaïque 2024 ou encore les 2/3 de la production française éolienne en 2024.
L’électricité est très majoritairement utilisée pour la fabrication d’hydrogène.
Il faut donc, selon les projets, entre 25 et 43 kWh d’électricité pour produire 1 kg de e-SAF. L’énergie contenue dans 1 kg de kérosène est de 12 kWh.
La consommation de CO2
La consommation annuelle de CO2 de l’ensemble des projets serait de 2,4 millions de tonnes. Pour rappel E-CHO n’utilise pas de CO2 , mais de la biomasse.
A titre de comparaison cela représente 3,3 % des émissions de CO2 des voitures. (71,6 Mt CO2/an chiffres 2019, source : https://www.notre-environnement.gouv.fr). En 2022, plus de 68 millions de tonnes de CO2 équivalent ont été émises par les voitures thermiques en France.
Le CO2 proviendrait des usines émettrices à proximité des projets (papeteries, réseaux de CO2, centrales de cogénération, etc.).
Le coût des projets
Le coût total de l’ensemble des projets est de 13,4 milliards d’€.
Les coûts bruts ne peuvent être comparés. Le coût rapporté à la production annuelle a plus de signification :
Le ratio le plus faible est pour le projet LICHEN, probablement à cause de l’effet d’échelle car c’est le plus gros projet (presque deux fois plus que les autres).
Les ratios les plus élevés sont pour E-CHO et Take Kair.
E-CHO est un assemblage de trois usines avec un intrant différent (biomasse au lieu de CO2) et d’autres productions que les e-SAF (e-méthanol et hydrogène). Take Kair et E-CHO utilisent une autre technologie (« Fischer-Tropsch ») que les autres projets et a une capacité moindre.
Les emplois
La valeur élevée d’E-CHO vient probablement du fait des particularités du projet : 3 usines différentes, utilisation de biomasse et autres produits de sortie que le e-SAF.
La production annuelle de e-SAF rapportée au nombre d’emplois directs est présentée dans le tableau ci-dessous.
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- Publié le
- Date de dernière mise à jour : 23/05/2025